vendredi 13 juillet 2012

Louis Gallois, l’homme de la situation


Votre mission, si vous l'acceptez : améliorer
la compétitivité des entreprises. 
Il a quitté fin mai la présidence d’EADS, son mandat touchant à sa fin. A 68 ans, allait-il se consacrer uniquement à la Fabrique de l’Industrie, le think tank sur l’industrie qu’il préside ? On n’a pas eu le temps de se poser la question. A peine disponible, aussitôt nommé : le 6 juin voici Louis Gallois investi du rôle Commissaire général à l’investissement, poste laissé vacant pour cause d’alternance politique par son prédécesseur, René Ricol.

Et voici que pas plus tard que mardi dernier, on apprend lors de la Conférence sociale qu’il se voit confier par le premier ministre une mission sur la compétitivité des entreprises au sein du Haut Comité au Financement de la Protection Sociale. Objectif : « préparer la mise en œuvre d'actions concrètes d'ici la fin de l'année » pour améliorer l’environnement des entreprises.

C’est bien. C’est très bien. Car Louis Gallois est vraiment l’homme de la situation. Allons-y d’un petit panégyrique bien mérité :
Cet HEC et énarque (ça vous rappelle quelqu’un ?) est un fin connaisseur des coulisses de la politique et un grand serviteur de l’état. Il a été notamment directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Recherche et de la Technologie, en 1981.
Il est un véritable industriel. Son bilan à la tête d’Airbus puis comme président d’EADS suffit à en témoigner.
Il est un homme de dialogue. C’est cette fois son parcours à la SNCF, dont il a été président pendant 10 ans qui, en est la preuve. Même les syndicats ont salué son travail.

Ajoutez à cela qu’il est apprécié autant par les gens de gauche que ceux de droite et que tous ceux qui ont collaboré avec lui avouent un profond respect pour lui, et vous ne pouvez faire autrement que conclure qu’en effet il est vraiment the right man at the right place.

Louis Gallois est un ardent défenseur de l’industrie et, pour ceux qui ne l’auraient pas lu sur ce blog je rappelle deux thèmes clés qu’il a souvent développés et dont le blog s’est fait l’écho.

D’abord, son explication à la spirale du déclin de l’industrie française qu’il démontre implacablement à la façon d’un théorème. Il dit :
- L’industrie française n’a pas de compétitivité hors prix faute d’être positionnée sur le haut de gamme (comme l’Allemagne).
- Sa compétitivité Prix est, elle, battue en brèche par les pays comme la Chine
- Positionnée sur le milieu de gamme elle ne peut donc s’imposer face à la concurrence qu’en baissant ses prix
- Ce faisant elle érode encore ses marges qui sont déjà faibles
- Les marges se réduisant comme peau de chagrin les entreprises ne peuvent investir pour monter en gamme
- Conclusion : L’industrie française est piégée dans un cercle vicieux et son déclin n’a rien de surprenant.

Le deuxième message de Louis Gallois est la solution qu’il propose pour rebondir. Il défend inlassablement depuis de longs mois l’idée d’un « choc de compétitivité » seule façon selon lui de s’extraire rapidement de cette spirale infernale. Le choc de compétitivité c’est :
- Donner aux entreprises le moyen d’investir à nouveau pour monter en gamme et être compétitives.
- Cela ne peut se faire qu’en restaurant leurs marges
- La restauration des marges est possible si le coût du travail est significativement abaissé par le transfert des charges sociales sur la CSG en particulier

Louis Gallois préconisait ainsi d’augmenter la CSG de plusieurs points afin d’apporter « 30 à 40 milliards d’euros » aux entreprises industrielles.

Cela dit il est conscient de la difficulté de la mise en œuvre d’une telle politique. Parce ce que, d’une part, il faut mettre au point des dispositifs pour s’assurer que les économies obtenues soient effectivement investies. Parce que, d’autre part, il est très difficile de limiter cette action à la seule industrie qui ne représente qu’une petite partie des emplois.

jeudi 12 juillet 2012

Redressement productif : Montebourg précise ses plans


"Le rapport entre les grands groupes
et les PME n'est pas équilibré"
Long discours hier du ministre du redressement productif pour clore la réunion de la Conférence Nationale de l’industrie, réunie par Arnaud Montebourg au lendemain de la conférence sociale.

On y découvre les grandes lignes de forces sur lesquelles s’appuiera le plan de redressement qui devrait être présenté sous peu. Ces lignes sont clairement :
- Le fort accent mis sur le développement des PME-ETI avec le lancement notamment d'un plan dit "2000 pépites".
- La demande aux grands groupes d’efforts pour structurer les filières et favoriser les PME ETI
- La reconnaissance que le financement actuel de la protection sociale pèse sur le développement industrielle
- Le financement, des PME en particulier, grâce à l’épargne et la future banque publique.

Voici quelques extraits de ce discours :
Sur les PME ETI
«Je souhaite que l’Etat stratège soutienne les PME et les ETI les plus innovantes qu’il faut accompagner et aider à grandir. Je souhaite qu’un plan « 2000 Pépites » soit mis en place, en soutien aux PME et ETI stratégiques.»
Sur les grands groupes
« Le rapport entre les grands groupes français et les PME n’est pas équilibré. Non seulement les grands groupes font souvent porter à leurs sous-traitants les coûts d’ajustement en période de crise, mais ils participent insuffisamment au développement et à la structuration des filières. A cela s’ajoute la prédation à laquelle ces grands groupes se livrent en rachetant chaque année de nombreuses entreprises en croissance, en particulier si elles se situent sur des segments à forte valeur ajoutée. Ces rachats stérilisent l’innovation. [...] Il est nécessaire de revoir la nature des relations entre les donneurs d’ordre et les PME en organisant des liens de sous-traitance et de coproduction plus équilibrés»
Sur la protection sociale
« Le premier front de cette reconquête est celui de la compétitivité des entreprises françaises. Pour relever ce défi de la compétitivité, nous devons faire émerger un compromis fort. Le financement de la protection sociale qui est adossé sur le travail pèse sur notre développement industriel et nuit à l’emploi. […] Tous les sujets devront être abordés et ils le seront dans le cadre de la mission confiée à Louis Gallois par le Premier Ministre et dans le cadre du Haut Comité au Financement de la Protection Sociale.» 
 Sur le financement
« Pour mener à bien notre reconquête industrielle, il faut évidemment des moyens. Le financement de cette reconquête sera garanti par un dispositif de financement ambitieux assurant la mutation progressive de notre modèle économique. La finance doit retrouver sa juste place et être mise au service de l’économie réelle et, en particulier, des PME.»
Ce financement passera par 
- "La création d'un livret d'épargne industrie dont le produit sera dédié au financement des PME et des entreprises innovantes"
- "la Banque Publique d’Investissement, qui  attaquera de front le problème du financement des PME".

mercredi 11 juillet 2012

La Commision européenne découvre (enfin) le Cloud


"Soyons prêts pour le Cloud"
Je ne sais pas si on doit s’en réjouir ou s’en attrister. Je suis tombé par hasard sur un discours de Neelie Kroes, la vice présidente de la commission européenne en charge du « digital agenda ». Surprise dans ce discours qui date du 25 juin dernier, elle indique à ses auditeurs qu’il est temps que l’Union Européenne mette en place une stratégie en matière de cloud computing. 

Elle dit : « 2012 est l’année où le Cloud se déploie. Soyons prêts. » Et rappelle l’European Cloud Partnership, un projet déjà annoncé en janvier dernier avec un financement de 10 millions d’euros. Il se met en place cette année et devrait porter ses premiers fruits en 2013.

On peut effectivement se réjouir que cette technologie clé figure sur l’agenda de la Commission européenne.  Mais dans le même temps il est assez surprenant qu’il ait fallu attendre si longtemps pour que l’Europe prenne conscience de son importance et s’en saisisse. Il y a déjà longtemps que le cloud est à l’évidence un sujet de toute première importance. Même la France qui n’est pas nécessairement toujours  en avance a non seulement lancé un appel d’offre en la matière mais il s’est déjà matérialisé par le choix de SFR pour bâtir une telle infrastructure.

Bref, face au numérique galopant les structures européennes semblent avoir bien du mal à offrir la réactivité nécessaire. Dans ces conditions, on peut d'ailleurs se demander combien de temps il faudra à la Commission pour que qu’un autre sujet majeur déjà bien émergé – les Big Data (voir le post du 23 mai )– traverse les couches décisionnelles successives pour que la Commission le juge apte à figurer dans son agenda ?

Bon, assez dit de mal de la Commission. On retiendra quelques points du discours de Neelie Kroes.

- Le cloud peut être un fort moteur de notre économie. « Il pourrait générer dans un pays comme l’Allemagne 200 milliards de dollars pour l’économie et 800 000 emplois dans les 5 années à venir. »
- C’est à l’Europe de s’en occuper car avec le cloud les bénéfices proviennent des économies d’échelle. « Si nous nous limitons aux approches nationales avec de petits cloud sur des petits marchés, nous limitons nos ambitions en  la matière. […] Nous perdons la masse critique et nous aurions à faire face à autant de règles qu’il y a de pays »
- Le but de la Commission n’est pas de sur réguler mais de doper l’innovation et de stimuler la demande. « Nous pouvons par exemple rendre le marché accessible et efficace pour tous. Nous pouvons aussi améliorer la confiance et faire du cloud un endroit sûr et bien sécurisé. » 

A lire
Le discours de Neelie Kroes du 25 juin
Le discours de Neelie Kroes du 26 janvier

lundi 9 juillet 2012

La Chine en route vers la catastrophe ?


Wen Jiabao : que faire?
J’ai lu ce matin deux articles du New York Times qui font froid dans le dos. Tous deux avertissent du risque d’effondrement de la Chine suite aux déclarations du premier ministre chinois Wen Jiabao dimanche avertissant des « très fortes pressions négatives » que connait le pays. 

Mis en cause, la baisse de la demande de l’Europe et l’effondrement de l’immobilier  dans le pays ( les nouvelles constructions sont pratiquement à l’arrêt). Résultat, la croissance pourrait tomber en 2012 en deçà des magiques +8% et il n’est même pas assuré qu’elle se maintienne au dessus de 7%.

Selon l’analyste Nomura, la probabilité d’assister à un atterrissage brutal de l’économie chinoise avant fin 2014 est aujourd’hui de 1 chance sur 3 !

Si vous voulez avoir vraiment peur (et que vous lisez l’anglais) vous pouvez en savoir plus en lisant cet article China’s Economy: Apocalypse Soon ? ainsi que celui-ci : Chinese Premier Urges Action to Spur Economy.

vendredi 6 juillet 2012

ETI : qu'est ce qui coince ?


Jean-Yves Gilet : "osez l'ouverture
de votre capital"
Je reviens sur la soirée de La Fabrique de l’Industrie consacrée aux ETI, objet du post d'hier, cette fois pour rapporter quelques propos qui s’y sont échangés.

Sur les raisons qui expliquent l’absence de croissance en taille des PME et des ETI, Pierre Deschamps, responsable de la CCI de Paris a émis quatre hypothèses :
- La problématique des seuils sociaux (qui ne jouerait toutefois qu’un rôle mineur)
- Le fait que les patrons de PMI, habitués à être « seuls maîtres à bord » rechignent à voir leur entreprise grossir, ce qui limite leur pouvoir et complexifie la gestion
- Les besoins en financement
- Le fait que patrons de PMI et ETI sont très peu ouverts à l’arrivée d’administrateurs externes

Jean-Yves Gilet, responsable du FSI ajoute pour sa part que les ETI familiales hésitent à ouvrir leur capital et pense qu’il est regrettable qu’elles limitent leur croissance à l’autofinancement. « Il faut oser l’ouverture en capital » les exhorte-t-il.

 Un patron d’ETI dans la salle confirmait cette inquiétude. Il dit : « c’est très bien de faire entrer le FSI à notre capital, mais que se passe-t-il lorsqu’il sort… ?  » craignant de devoir faire alors appel à des investisseurs moins bienveillants. Réponse de Jean-Yves Gilet : « suivant les cas, l’entreprise peut racheter sa part, s’introduire en bourse » et précise : « les fonds d’investissement  sont une autre solution ; ils ne sont pas tous des prédateurs. » 

Autre thème abordé : pourquoi y a –t-il si peu d’ETI en France ? Sans surprise, Yvon Jacob et Elisabeth Ducottet pdg de l’ETI Thuasne ont rappelé leur problème majeur : les droits de succession supportés par ces entreprises le plus souvent familiales. « Ils étaient en France de 30 à 40% avant la loi Dutreil, contre 7% en Allemagne ! » rappelle Elisabeth Ducottet. Résultat au moment de la succession, l’ETI est souvent contrainte de se vendre et souvent, à un groupe étranger… D’où la disparation de nombre d’entre elles.

Le financement  a bien entendu été une autre préoccupation. Louis Gallois, le président de la Fabrique de l’industrie (et depuis peu Commissaire général à l’investissement) a en particulier souligné qu’il était «préoccupé par les règles prudentielles de Bâle II et Bâle III », qui conduisent les banques à resserrer les cordons de la bourse. Il dit : « les banquiers indiquent qu’il ne restreignent pas le crédit ;  mais si on regarde de plus près, on constate que de fait, le crédit se réduit effectivement là où il est jugé le plus risqué. Et pour la banque le secteur qui apparaît le plus risqué est… l’industrie. »

Enfin, intervention intéressante d’un représentant de Mécachrome, sous traitant aéronautique de rang 1, ETI donc. Il souligne qu’aujourd’hui, les donneurs d’ordres demandent aux sous-traitants de rang 1 de partager les risques, c'est-à-dire de financer une partie des études, et aussi de réaliser les achats de matière et de gérer pour eux les sous-traitants de rang inférieur. Bref, que tout cela coûte extrêmement cher et impose la disponibilité d’un très important financement de court terme.

Louis Gallois, ex patron d’EADS ne l’a pas démenti et a estimé que la future banque publique pour l’industrie « devrait se préoccuper de ce type de problème pour  financer les besoins en fonds de roulement des entreprises. »

C’est tout pour aujourd’hui !

jeudi 5 juillet 2012

L’ETI, horizon indépassable de la réindustrialisation


PMI : vous ne faites
 pas le poids  !
« Le 5 mars 2008 est une date historique » dit Yvon Gattaz, fondateur de l’ETI Radiall et aujourd’hui président de l’Asmep-Eti, syndicat des entreprises de taille intermédiaire. C’était hier soir lors d’une (passionnante) conférence sur les ETI organisée par La Fabrique de l’Industrie, le think tank présidé par Louis Gallois.

Date historique donc car c’est le jour où les entreprises de taille moyenne ont commencé à exister en tant que telles en étant enfin reconnues et désignées par l’acronyme ETI (entreprises de taille intermédiaire, soit entre 250 et 5000 salariés).

Yvon Gattaz raconte comment depuis 1936, date de sa naissance, le concept de PMI a d’une certaine façon mis en France sous le boisseau  les fameuses entreprises taille moyenne pour lesquelles il s’est toujours battu. On ajoutera qu’à leur détriment, dès l’après guerre le conseil de la résistance a choisi de faire des grands groupe les champions nationaux français. Le succès a été au rendez-vous, mais tout cela s’est fait au détriment des entreprises moyennes, prises en étau entre les PMI et les grandes entreprises.

Ce rappel historique est très éclairant. Il montre que ce n’est pas un hasard si les ETI font gravement défaut en France. Inversement il est source d'optimisme. Maintenant que les ETI sont devenues l'alpha et l'oméga de la réindustrialisation et que les choix politiques penchent en leur faveur, on peut rêver qu’une politique ad hoc donne des résultats aussi significatifs que celle qui a conduit à faire de la France le champion des grands groupes.

Pour être bref, je me contenterai aujourd’hui de souligner quelques données fort significatives égrenées hier.

Les ETI représentent en France
- 23% de l’emploi salarié, soit 3 millions de salariés
- 61% des entreprises cotées
- 80% des ETI sont des entreprises patrimoniales
- 25% des dépenses de R&D
- Et 41% d’entre elles sont industrielles

En outre dit Yvon Gattaz par rapport aux autres, elles ont
- Une rentabilité  du capital supérieure
- Un meilleur taux de valeur ajoutée
- Un meilleur taux d’investissement (24% pour elles, 20% pour les grands groupes, 16% pour les PME)
- Une meilleure capacité d’autofinancement
- Une stratégie de long terme
-
Bref l’ETI c’est le paradis de la réindustrialisation !

Jean-Yves Gilet, responsable du fonds stratégique d’investissement (FSI), fonds souverain qui fait du financement des ETI une priorité, ajoutait hier quelques chiffres intéressants. Il y a en France :
- 4600 ETI soit deux fois moins qu’en Allemagne
- Si on retire les filiales de grands groupes français et étranger il en reste 1000 considérées par le FSI comme « stratégiques »
- Si on regarde les ETI purement industrielles, il en reste 740
- Si on regarde, par filière, quelles sont les ETI industrielles à fort potentiel il en reste 300, sur lesquelles se polarise précisément le FSI

Si vous voulez en savoir beaucoup plus sur le sujet, je vous recommande le petit livre de 77 pages dont certains des chiffres sont issus et que vient tout juste de publier le FSI. Vous pouvez vous procurer auprès de lui.

Intitulé « Pour la croissance des ETI » il est comme son nom l’indique au cœur du problème français. Car le problème est bien celui-là. Puisque ces entreprises sont si performantes comment s’arranger pour qu’elles croissent (les deux tiers d’entre elles ne comptent encore que moins de 500 salariés). Et comment faire pour que les PME franchissent le pas ? On pourrait aussi ajouter : comment faire pour favoriser les ETI sans pénaliser les grands groupes ?

On aura l’occasion d’y revenir, d’autant que c’est une des missions que s’est donnée le ministère du redressement productif.

mercredi 4 juillet 2012

R&D : l’Europe n'investit pas suffisamment dans le numérique


"En investissant si peu, nous nous
tirons une balle dans le pied"
Lors de la publication du « tableau de bord de la stratégie numérique » de la Commission européenne sur le numérique, Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, a été très claire : « Les Européens sont friands de technologies numériques mais les pouvoirs publics et les entreprises ont du mal à suivre. Conserver des mentalités et des modèles d'entreprise du 20e siècle nuit à l'économie européenne. En investissant si peu, nous nous tirons une balle dans le pied et l'Europe risque de se faire écraser par la concurrence mondiale si elle s'endort sur ses lauriers.»

A côté d’évolutions favorables telles que la couverture à 95% de l’Europe en haut débit, le rapport signale plusieurs sujets de préoccupation
- La moitié de la population active européenne n'a pas les compétences requises en matière de TIC pour pouvoir changer d'emploi ou en trouver un
- Le commerce en ligne reste une activité nationale. Si 58 % des internautes dans l'UE ont recours au commerce en ligne, seulement un sur dix a fait un achat sur un site basé dans un autre État membre.
- L'utilisation du commerce électronique par les PME reste limitée. Dans leur majorité, les PME n'ont pas pris l'habitude d'acheter ou de vendre en ligne

Le rapport note aussi que
- L'Europe continue de perdre du terrain face à ses concurrents sur le plan des investissements dans le domaine de la recherche. L’intensité en R&D du secteur européen des TIC est aujourd'hui inférieure de plus de moitié à celle du secteur des TIC américain.
- Les entreprises de télécommunications continuent de soutirer aux consommateurs des frais d’itinérance excessifs. 


Le rapport rappelle enfin que des propositions réglementaires d’envergure ont été formulées à cette fin en 2011-2012. Et que au titre d’Horizon 2020, le prochain programme européen de financement de la recherche et de l’innovation, la Commission propose d’investir 80 milliards d’euros dans différents secteurs, dont le principal est celui des TIC;

A lire 
Le Tableau de bord de la stratégie numérique (en anglais)
Profils nationaux relatifs du tableau de bord (en anglais):
Site web de la stratégie numérique (en anglais)

mardi 3 juillet 2012

Patrick Artus : « L’innovation n’est pas [vraiment] le problème »


L'insuffisance de l'effort
d'innovation n'explique pas tout
On le sait, l’une des causes du manque de compétitivité des entreprises française est leur positionnement insuffisamment centré sur le haut de gamme. On a alors vite fait d’en diagnostiquer la cause : les entreprises françaises ne s’adonnent pas suffisamment à l’innovation.

Est-ce si sûr ? C’est en tout cas une idée reçue que Patrick Artus questionne dans une interview donnée à la revue Sociétal (n° 76). Il constate en effet que globalement les chiffres français concernant la R&D, le nombre de dépôt de brevets, les dépenses consacrées à la formation des étudiants sont à peu près les mêmes dans la plupart des pays industrialisés. Bien que des différences existent au désavantage de la France, il pense qu’elles ne sont pas suffisamment significatives pour expliquer la situation des entreprises françaises.

Et fort de cette analyse, il conclut : « Au total, il n’est pas clair du tout que l’insuffisance de l’effort d’innovation soit la base du problème du niveau de gamme de la France. »

Il apporte en revanche un autre éclairage : « D’autres causes existent: la faible taille des PME, la disparition des PME innovantes absorbées par les grands groupes, le niveau élevé des charges sociales. Il n’y a en France que 90 000 PME exportatrices, contre 240 000 en Allemagne et 200000 en Italie, ce qui n’est pas dû à l’effort d’innovation. »

S’il a raison, la grande mobilisation en faveur des PME qu’annoncent Arnaud Montebourg et la ministre déléguée, Fleur Pellerin (voir le post du 29 juin ), trouve ainsi pleinement sa justification. A l’exception peut être de la réorientation du crédit d’impôt recherche vers les PME qui, du coup, entre en partie en contradiction avec l’analyse du directeur de la recherche et des études de Natixis.

A lire 
L’interview de Sociétal : « Relocalisation vs. réindustrialisation »

lundi 2 juillet 2012

Industrie textile : le bilan de 30 ans de délocalisation


 Une image vaut mille mots… Voici donc deux graphiques issus du Bureau américain des statistiques sur le travail qui résument des décennies de délocalisation de l’industrie textile des Etats-Unis. Ils se passent de commentaires… Le premier montre l'évolution de l'emploi dans le textile aux USA sur 20 ans.


On notera juste avec le graphique ci-dessous que ce qui a été un drame pour les travailleurs d’une industrie a été tout bénéfice pour les consommateurs  qui, dans certains cas, ont vu les prix des produits se stabiliser sur plus de 30 ans alors que les prix moyens de tous les produits ont été multipliés par 3,5 !



Y -a –t-il un espoir que les efforts du Pentagone pour mettre au point des systèmes de production entièrement automatiques (voir post du 11 juin dernier ) ramènent un partie de cette production aux Etats-Unis ?  Ce serait une sorte de miracle.