mardi 17 avril 2012

Bois : les arbres s’enfuient vers la Chine, la filière trinque


"Chauffeur, en route pour la Chine !"
« Arrêtez-les ! ». C’est le cri d’alarme de la Fédération Nationale du Bois (FNB)Elle assiste à un véritable exode des chênes et des hêtres vers la Chine (des grumes, c'est-à-dire des troncs, pour être précis). Et voudrait que l’état et freine un peu cette transhumance en jouant notamment sur le levier des droits de douanes.

Explication : la France représente une part très significative des importations chinoises de grumes de chênes et hêtres. Et la demande chinoise croit sans cesse, et fortement.

Où est le problème ? Ces exportations font le bonheur des forestiers. D’autant qu’avec la demande insatiable de la Chine les prix ont augmenté significativement (+20% pour le chêne, +15% pour le hêtre). Bonne affaire, non ?

Pour eux, oui. Mais pour eux seulement. Car, selon la FNB, le reste de la filière bois, première et seconde transformations, est fortement menacé.
- Parce que, on l’a vu, les prix des matières premières augmentent
- Parce que dans le même temps, la matière première se fait plus rare et l’approvisionnement plus difficile
- Parce que, surtout, chinois (et indiens) se sont spécialisés dans la production de parquets et meubles dont les importations en France et en Europe explosent
- Parce que les industriels de seconde transformation français ne sont pas compétitifs face aux asiatiques.

La FNB s’inquiète ainsi de la probable fermeture de nombreuses scieries et industries de la seconde transformation et demande donc une régulation de l’exportation de bois. Il faut agir « avant la disparition de l’outil industriel » lance-t-elle.

Elle souhaite ainsi  freiner l’exportation de bois brut au profit de bois ayant subi en France un minimum de transformation et donc une augmentation de la valeur ajoutée locale (transformation en planches, par exemple).

C’est de bonne guerre car, justement, la politique tarifaire chinoise conduit très exactement à l’opposé. Alors qu’aucun de ses produits n’est taxé à l’entrée en Europe, pour favoriser ses transformateurs, elle taxe les importations :
- De bois brut à 8%
- De sciage à 14%
- De parquets à 20%
- De meubles à 100%

La fédération qui se refuse à stigmatiser les exportateurs de grumes réclame ainsi :
- La mise en place de mécanismes de régulation à l’échelle de l’Europe
- La mise en place de mesures (taxe carbone, TVA sociale…) pour réduire les écarts de compétitivité
- Un rééquilibrage des taxes européennes et chinoises sur les grumes et les sciages

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