lundi 23 janvier 2012

Robotique et PME : le ROI est mort

Au Cetim : un "modèle économique
 élargi" à l'usage des PME
 Le Cetim a eu une excellente initiative. Le Centre technique des  industries mécaniques est convaincu, de même que le Symop (voir post du 18 janvier), que la robotique est la carte à jouer pour la survie des PME de mécanique. Mais il est également clairvoyant. Il sait que le calcul classique de retour sur investissement (ROI)  ne plaide pas en faveur d’un tel équipement. La raison ? Le calcul de ROI se fait sur le gain obtenu par le remplacement d’un opérateur par un robot. Ce gain est d’autant plus significatif que les séries sont grandes. Or les PMI travaillent essentiellement sur des petites et moyennes séries. Problème.

Le Cetim a donc demandé à Pascale Brenet, enseignante chercheuse à l’université de Franche Comté, de plancher sur un « modèle économique élargi » pour justifier un tel investissement. Elle a étudié sur site les tenants et les aboutissants d’une robotisation dans diverses PME. Et, forte de données réelles, a bâti son modèle. Elle vient de l’achever.

La conclusion : pour juger réellement de l’apport de la robotique il faut aller bien au-delà du seul calcul de ROI et prendre en compte tous les apports qualitatifs d’une robotisation. Le modèle comporte ainsi une batterie d’indicateurs, une vingtaine au total,  qui prennent en compte, outre l’aspect financier de l’opération, tous les impacts sur les ressources humaines, le marketing et la production proprement dite. « Ils permettent de prendre une décision raisonnée quant à l’utilité de l’installation d’un robot et de définir là où il est le mieux indiqué » dit Pascale Brenet.

Deux exemples pour illustrer la logique de la démarche. Pour tirer pleinement profit du robot, il faut l’utiliser au maximum. Pour cela la PME peut être conduite à augmenter son volume d’affaires, donc à se fixer de nouveaux objectifs et donc à accompagner l’installation de la machine d’un effort commercial. Le calcul de ROI ne tient pas compte de ce type d’impact.

De même, les PME ne cherchent pas nécessairement à supprimer du personnel. Leur logique est plutôt de faire croître l’activité à personnel constant. Chez elles, « robot » ne signifie pas « suppression d’un opérateur », mais affectation de celui-ci à d’autres tâches plus productives (et souvent plus intéressantes).

Bref, avec ces indicateurs, la PME est à même de bâtir une stratégie liée à l’introduction du robot, stratégie qui peut avoir un profond impact sur son fonctionnement. On est loin du bestial calcul de ROI…

Cette étude peut sembler ad hoc. A mon avis il n’en est rien. Elle ne fait que substituer une logique industrielle à une pure logique financière. Et c’est là le point clé. Pascal Brenet raconte que dans l’une des entreprises qu’elle a étudiées, le pdg avoue n’avoir pas vraiment chiffré l’apport du robot. Il s’est malgré tout équipé parce pour lui la problématique était claire :  « robotiser ou disparaître ». Dans ce contexte, le ROI est nu !

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